Communication chimique et régulations sociales dans la colonie d’abeilles
La société d’abeilles domestiques (Apis mellifera) possède une structure sociale au sein de laquelle interagit des dizaines de milliers d’individus dans un espace confiné. Ces individus reposent une partie de leur socialité sur la communication chimique. La communication de l’abeille montre que les réponses comportementales et physiologiques des individus aux signaux phéromonaux sont complexes (synergies des molécules, transmissions différentes, effets antagonistes, contexte). A titre d'exemple, plus de 50 substances, provenant de la colonie sont connues pour interférer dans le fonctionnement de cette société.
Malgré une connaissance approfondie de la communication chimique chez l’abeille avec, par exemple, les premières phéromones modificatrices identifiées chez cet insecte, de nombreux travaux restent à entreprendre pour interpréter ce système de communication si particulier.
Au cours de cette thèse, nous nous sommes intéressés : à caractériser la dynamique et la transmission d’une molécule phéromonale connue, identifier de nouveaux composés phéromonaux et comprendre la redondance des signaux chimiques de cette société. Pour cela nous avons étudié la communication chimique des butineuses, du couvain et de la reine dans les régulations sociales de la colonie.
Le premier chapitre de ce manuscrit est consacré à une revue bibliographique afin d’avoir une vue d’ensemble de la communication par les phéromones, de la société d’abeilles, et de l’impact des phéromones dans les régulations sociales de la colonie. Une problématique incluant les objectifs de cette thèse termine ce chapitre.
Ce manuscrit sera ensuite scindé en trois chapitres. Le second chapitre étudie la caractérisation des traits de l’histoire de vie d’une phéromone. Le laboratoire a mis en évidence l’effet d’une phéromone des butineuses, l’oléate d’éthyle, sur l’inhibition du développement comportemental des ouvrières de la colonie. Nous avons caractérisé la dynamique de production et la transmission de cette molécule. En outre, dans le cadre de la compréhension de l’affaiblissement des colonies, nous avons également travaillé sur l’impact de stress (maladie, pesticide) sur la production de cette phéromone dans la colonie.
Dans le troisième chapitre, nous avons analysé la communication chimique de la reine pour comprendre si son langage phéromonal est constitué d’une seule phéromone complexe, la phéromone royale des glandes mandibulaires ou, s’il existe un deuxième système phéromonal redondant des effets de la phéromone royale.
Le chapitre 4 est consacré à l’identification d’une nouvelle phéromone volatile du couvain, le E-ß-ocimène. Sa dynamique de production est analysée ainsi que ses effets sur les ouvrières de la colonie d’abeilles.
Dans une cinquième partie, nous résumerons brièvement les principaux résultats obtenus. Et dans une discussion générale, nous synthétiserons ces résultats dans la communication chimique au niveau des régulations sociales au sein de la colonie d’abeilles. Puis, les perspectives qui découlent de ces travaux seront énoncées.
— Thèse de Alban Maisonnasse - 2010 - These_AlbanMaisonnasse._2010.pdf 155 pages